Olivier Perrot

Petit poucet

2007
Photogrammes
Tirages digigraphiques
40×60 cm

LES PETITS POUCETS

POUR LES 10 ANS DU GROUPE NOVEMBRE
Cette série anniversaire d’Olivier Perrot recèle un double, voire un triple piège. Tout d’abord une allusion transparente à son mode de fabrication, mais qui n’avancera guère le néophyte dans son élucidation du mystère de la création. Et puis il y a l’ogre bien sûr celui auquel échappe l’intelligence sensible de l’enfant, allusion évidemment transparente à une forme de résistance, mais qui ne nous avance pas davantage dans le décryptage de l’oeuvre. C’est ailleurs qu’il faut se laisser porter, par le cours de nos sensations et de notre imagination.
Non pas le “Ça ressemble à” forcément vain : bien sûr, il y a là un aspect organique, quelque chose comme la prolifération de cellules souche, pour éviter d’aller se perdre dans l’évocation d’autres proliférations, et puis il y a cette couleur, à la fois séduisante et inquiétante… Ça ne doit pas être là non plus qu’il faut aller voir. Nous savons bien qu’il n’y a jamais de raison à une oeuvre, ni d’élucidation possible, et que plus elle feint d’offrir des pistes, plus elle se dérobe. Il y a toujours, au contraire, quelque chose d’un questionnement initiatique dans l’art, quelque chose d’une profonde résistance à la vie profane, quel qu’en soit le médium et la photographie, surtout celle-ci, qui échappe à toute l’alchimie ordinaire, ne fait pas exception.
Derrière une symbolique, il s’en cache et s’en dévoile toujours une autre : s’il y a du métaphorique, il y a aussi du métaphysique au travail.
En fait pénétrer une oeuvre, c’est laisser son regard errer à la surface, c’est laisser le regard s’emparer de ces formes offertes. Ce n’est pas en percer la surface, le sens, c’est au contraire s’y abandonner comme le petit enfant s’abandonne au sommeil (tiens! revoilà le Petit Poucet!), c’est se laisser porter par ses propres doutes et son propre désir d’aller à la rencontre de l’autre. Y mette une majuscule qui veut.
Que ce soit le Livre ou l’œuvre, c’est toujours, d’abord, d’un support dont il s’agit et plus ce support est puissant, plus il nous entraîne loin, c’est-à-dire, in fine, au plus proche de nous-mêmes.

Alain FLEIG, octobre 2007

« petit poucet »
L450xH650mm Tirage pigmentaire 2007