Trace(s)
Photogrammes de l’année 2008 pour l’exposition du Groupe Novembre à Art Fair Daegu, Corée 2008
Format des tirages pigmentaires 400×500 sous plexiglas pour l’ensemble des 4 séries
la perception, la mémoire, la matérialité et la temporalité.
Le photogramme, par sa nature même, est une trace laissée par la lumière et l’objet. Cette impression directe sur le papier évoque la notion de mémoire et d’empreinte. Contrairement à une photographie classique où l’image est une reproduction de la réalité, le photogramme capte la présence éphémère d’un moment, d’une interaction entre l’objet et la lumière. Cela évoque la mémoire comme quelque chose de fragile, indirect et imprécis, un peu comme le souvenir qui ne parvient jamais à être une reproduction fidèle de l’instant vécu, mais plutôt une trace imprécise et déformée. Le photogramme, avec sa capacité à capturer des ombres ou des traces lumineuses, peut être vu comme une métaphore de la manière dont la mémoire est construite à partir de fragments et de résidus de notre expérience. Le photogramme, en sa nature de résidu temporel, capture un instant fugace et nous invite à réfléchir à la transformation du présent en passé. Le photogramme fige un instant avant qu’il ne disparaisse, un peu comme un instantané du temps qui passe. Cela pourrait rappeler la réflexion de Walter Benjamin sur l’art à l’ère de sa reproductibilité technique, où la reproduction (ici, le photogramme) détourne l’instant de sa nature éphémère, tout en conservant cette trace du moment. Dans un monde où la photographie numérique et les images virtuelles dominent, le photogramme, par sa technique archaïque et son contact direct avec le papier photosensible, nous rappelle la matérialité de l’image. Loin des pixels et des images numériques fluides, le photogramme est une interaction physique entre la lumière, l’objet et la surface. Il incarne une concrétisation de l’image, loin des supports immatériels de l’ère numérique. Ce retour à la matérialité interroge la question du réel et de la présence. Le photogramme nous rappelle que la lumière elle-même, le médium de l’image, est physique et réelle — elle touche le support, elle le marque. Le photogramme nous invite à réfléchir sur plusieurs notions : la trace, le temps, la mémoire, la matérialité de l’image, l’identité et le corps. Il permet d’aborder l’image d’une manière différente de la photographie traditionnelle, en la détachant de la reproduction exacte pour l’ancrer dans une approche plus intime, poétique et abstraite. Loin de simplement capturer la réalité, le photogramme devient une métaphore de notre perception du monde, de notre corps, de notre esprit et de notre relation avec le temps le souvenir de ce qui a disparu.