Olivier Perrot

Les négatifs

1991
Tirages argentiques 60x90cm

PERROT AIME-T-IL LA PHOTO ? 

Ne sais plus quel batteur déclarait ne pas aimer la musique, mais taper sur des choses. O. Perrot, c’est kif-kif : la photo, bof ; son négatif, ah ! et avec ciseaux, cutter, rouleau de scotch, vas-y que je te tambouille un hachis de planches-contacts.
Bon, y a ce corps cliché en deux postures, puis juxtaposés. Comme il peut pas se payer le matos holographique, crée une illusion de 3e dimension grâce au support (du massif ça, l’image vous pète à la gueule ; pas d’accord ?).

Je questionne « photomontage ». Il se fout en boule :
– Non, non, à contrario d’Heartfield, je cherche pas à gommer le travail. Regarde ces bouts de scotch qui créent des mosaïques lumineuses et ce putain de cadre composé de glyphes et de chutes de pelloches…
– Excepté le « chassis »… Rodtchenko ou Grosz s’embarrassaient pas trop de caviarder les raclures. Voir les illustrations pour PRO ETO, CLUB DADA.
– Ils travaillaient sur positif, non ?
– Je crois qu’ils se sentaient avant tout, hérésiarques picturaux … Toi c’est contre, ou au travers de l’acte photo que … Mais que penses tu de cette citation de la revue LEF : « la combinaison des photos remplace la composition de représentations graphiques. Le sens de cette substitution réside dans le fait que le cliché n’est pas le croquis d’un fait visuel, mais sa fixation précise ».

Ça demande réflexion … hein ?

Plus tard, j’ai repiqué au truc. Curieux que sa démarche « aléatoire » rejoigne -quant au résultat-celui des sondes de la NASA et ce à cause d’un artifice technique : cliché numérisé ; envoyé vers la terre à raison d’un toutes les trois minutes ; recomposé par l’ordinateur.

Le coût : sans commune mesure ; pourtant le but est le même :
cartographie, là d’un corps, ici d’une surface planétaire.
Comme quoi…

Alain MALHERBE, 1991