« L’apparence pour moi, c’est la réalité agissante et vivante elle-même qui, dans sa façon de s’ironiser elle-même, va jusqu’à me faire sentir qu’il n’y a là qu’apparence, feu follet et danses des elfes, et rien de plus … »
Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir, 1887.
Que voyons-nous ? Des formes évanescentes, des visages grimaçants qui s’affichent sur de petites pancartes plantées dans le sol. C’est intriguant, voire inquiétant, on dirait une danse macabre.
C’est la danse des feux follets. Esprits malins et âmes en peine qui, selon les croyances populaires, hantent les cimetières la nuit. Ou manifestation lumineuse ayant l’apparence d’une petite flamme si l’on se rassure en écoutant les scientifiques.
Nous serions donc face à la représentation d’un cimetière ? Trop facile.
Ces feux follets nous placent, en fait, au coeur de la réflexion d’Olivier Perrot sur les rapports entre la réalité et l’apparence. C’est la question du vrai et du faux dans ce que l’image nous raconte. Ces feux follets sont « en réalité » fabriqués à partir de… pétales de fleurs disposées sur du papier photo sensible et exposées à la lumière. Un procédé chimique, en sorte, qui fait illusion. Abracadabra ! Magie noire ou transmutation. L’artiste nous a dévoilé son secret, celui de la boîte noire. Chut ! Gardons-le pour nous et entrons dans la danse.
Hélène Favard juin 2023